vendredi 25 janvier 2013

Douceur

La vie ici est remplie de douceur. Pour cela, c'est simple : vous prenez deux félins, des Norvégiens plus précisément. Deux soeurs même, d'une même portée. Des chats géants qui n'ont de gros que leur taille et leur coeur. 






















jeudi 24 janvier 2013

M

Je dis aime
Et je le sème
Sur ma planète...
M
J'ai appuyé fort sur mes bâtons de randonnée pour l'écrire sur tous les sentiers traversés. J'ai appuyé fort pour le crier à la terre entière. Nous avons appuyé à quatre mains même.
En mettant le contact ce matin, "Encore un matin" s'est écrié Jean-Jacques Goldman, comme un signe. Mais je n'ai pas oublié que cette jolie lettre, la 13ème lettre de l'alphabet, est gravée dans mon coeur et peut-être même un jour sur ma peau. Parce que M, ça peut vouloir dire beaucoup de choses, et surtout que je t'aime. Dans mes artères coule la baie d'Halong. Dans mon coeur coulent toutes ces larmes qui n'ont pas le droit de sortir, pas aujourd'hui, ni même ce soir quand nous ferons brûler une bougie. Je dis M avec tendresse et force. Je dis M, je le crie en mon for intérieur, je le garde bien au chaud. Parce que les plus grandes histoires d'amour ne se racontent pas. Parce que je t'M.

mercredi 23 janvier 2013

Humaine

Nous avons de la chance. Nous sommes retenus par un OAA, nous pensons que notre projet aboutira un moment ou l'autre. Oui, nous avons de la chance.
Pas un jour ne passe sans que je me le dise. Pourtant, j'ai le droit d'être impatiente, de compter les jours, les semaines, les mois. J'ai le droit, me semble-t-il d'avoir le coeur gros parfois. J'ai le droit car je suis humaine. 

Longtemps, j'ai été la "pire", celle à qui on espère ne pas ressembler parce que "mon Dieu, je n'aimerais pas être à ta place" (prends-toi ça dans les dents au passage!). Pourtant, même à ma place, je trouvais qu'il y avait pire que moi. J'en avais conscience.
Etre impatiente aujourd'hui ne fait pas de moi quelqu'un d'égoïste, qui oublie ceux qui vivent des moments difficiles. Ce trait me rend juste humaine. Comme tout le monde en somme...

 

dimanche 20 janvier 2013

18 heures

Depuis quelques jours, je suis réglée comme une horloge vietnamienne. Je regarde l'horloge à... 18 heures, sans le faire exprès. A cette heure-là, il est minuit au Viêt Nam. Il est minuit et les âmes dorment. Et je pense qu'une journée est passée là-bas... Deux nouveaux tours de 12 heures peuvent tourner. Le temps passe... passe et passe, trop lentement certes mais il file tout de même.
Depuis quelques jours, à 18 heures heure française, j'ai espoir. Même si le téléphone reste muet. 

jeudi 17 janvier 2013

Dico personnel

Sur la route de l'adoption, mon vocabulaire est très très riche... 

-"ça m'saoûle!" : lorsque c'est la tempête à l'intérieur de moi, lorsque je suis énervée. Pourtant, je ne titube pas... Terme qui peut être répété plusieurs fois de suite selon l'importance que l'on veut y mettre et que l'on veut que les autres y accordent.

- "Putain, fait ièch!" : lorsque rien ne va. Pour changer du traditionnel "ça m'saoûle" que je fais manger à toutes les sauces à Fabien. Pour varier les plaisirs, avec le verlan de ma jeunesse qui est aujourd'hui totalement has been mais assumé.

- "Attendrice" : le métier de tous les adoptants. Alors oui, nous sommes professeur, psychologue, journaliste, factrice ou que sais-je encore mais ce qui nous définit dans ce parcours, c'est l'ATTENTE. La terminologie "-drice" s'explique par le fait qu'une attendrice attend donc mais déborde bien souvent de tendresse.

- "Deuil" : généralement, les adoptants sont passés par tout un tas de deuils successifs... Le deuil de l'enfant biologique, le deuil du ventre qui s'arrondit, le deuil d'un nouveau-né, le deuil d'un enfant qui ne sera finalement pas vôtre, le deuil de l'enfant que l'on vous présente mais qui ne sera plus tout à fait le même quand vous le rencontrerez. Mais ce terme n'est jamais triste. C'est un constat fait pour aller plus loin, pour se dépasser et aller sereinement vers son enfant.

- "Quand?" : question que l'on pose en attendant une réponse, en sachant que l'interlocuteur n'a pas la réponse. 

- "Téléphone" : LE moyen de communication que tout adoptant doit avoir avec soi, en toute circonstance, des fois qu'il sonne pour une bonne raison... L'objet que l'on regarde cinquante fois par jour pour voir si on n'a pas manqué d'appels, si on capte toujours, si on n'est plus sur vibreur, etc., etc. L'objet qui rend chèvre, en somme.

- "Patience" : le mot que l'on ne peut plus entendre. La patience, ça va un temps. Il arrive un moment où on en peut plus d'attendre. Patience, patience, certes... Mais non, moi, je n'ai plus envie d'être patiente. Et d'ailleurs, je ne suis pas malade, voyez-vous.

- "Amitiés" : l'adoption a ceci de particulier qu'elle réunit les êtres de par leur action (l'attente), qui crée un lien particulièrement fort. Amitiés virtuelles ou réelles, elles sont souvent fortes et aident à surmonter les épreuves et le temps qui ne passe pas assez vite.

- "Projet" : "C'est quoi ton projet?", "Tu en es où dans ton projet?"... L'adoption, c'est un projet d'enfant... Et il faut savoir le définir le plus tôt possible. 


"Doute" : s'apparente à la peur, la crainte de ne voir son projet (voir ci-dessus) aboutir. 

- "Angoisse" : le petit truc qui vous prend à la gorge ou à l'estomac et ne vous lâche plus. Il s'agit de la petite boule qui se forme et qui fait mal. Celle dont on ne parvient à se débarrasser qu'en soufflant un bon coup et en se vidant la tête avec des futilités... ou en pleurant.

- "Espoir" : l'espoir fait vivre, c'est bien connu. Mais l'espoir est avant tout moteur. C'est grâce à lui que l'on continue à attendre, c'est grâce à cette promesse que l'on reste forts et optimistes (merci à Anneluis). Nous, ici, nous avons le coeur rempli d'espoir... pour en envoyer un bon bol à notre enfant, tout là-bas, quand nous regardons le ciel, espérant qu'il volera jusqu'à lui.

- "Hâte" : impatience face à un avenir qui nous fait rêver... et qu'on ne voit pas arriver. "Que j'ai hâte!" Hâte de partir, hâte d'y être, hâte de faire sa connaissance, hâte de voir des jouets traîner dans le salon, etc., etc. (merci à F.)

mardi 8 janvier 2013

On joue?

- Chéri, chéri, on joue au jeu des 1000 bornes?
- Tu veux pas plutôt jouer à celui des 9000 bornes?...

samedi 5 janvier 2013

Peut-être, peut-être pas (la rencontre imaginée)

Je l'ai tant imaginée et je continue encore... La rencontre.
Instant magique où l'angoisse doit prendre tout notre corps, les larmes au bord des yeux, la peur au ventre, la certitude que ça y est, le temps est venu de devenir parents. 
Il pleuvra. Ou non, il fera un beau soleil éblouissant. Une chaleur écrasante. Peut-être. Peut-être pas. Bon, le temps sera doux en fin de compte, juste ce qu'il faut pour se sentir bien. 
L'arrivée devant l'orphelinat sera poignante, on se prendra les mains et on ira l'un et l'autre, ensemble, vers toi, notre petit bout d'amour, porté si longtemps par nous deux. 
Une nounou arrivera dans une petite pièce un peu sombre... L'une de celles qui aura accompagné ta vie jusque-là, qui aura tout été pour toi : ton repère, ton pilier, des bras pour t'aimer. A ce moment-là, on ne verra plus que toi, c'est sûr. La bulle sera suffisamment fine pour que tu entres dans nos vies et assez cloisonnée pour ne pas entendre les autres adoptants et les enfants qui jouent, qui crient, qui rient. Ta nounou te posera dans mes bras. Aucun doute: c'est toi que l'on aura cherché pendant tout ce temps, toi et uniquement toi. Et là, on saura : ce ne pouvait être que toi. Le début de grossesse, ce n'était pas le bon chemin. A Metz, c'était une fausse route. Au Mali aussi. Tu étais là, dans cet orphelinat du Viêt Nam, c'était écrit. Nous nous regarderons. Nous, nous n'aurons de yeux que pour toi en tout cas. Toi, peut-être auras-tu le regard fuyant. Peut-être, peut-être pas. Finalement, peut-être que tu voudras bien nous observer par intermittence. Il te faudra du temps et ce temps, on te le laissera. Ce temps nécessaire pour que tu n'aies plus peur, que tu te laisses aller et que tu aies confiance en nous. Le temps que l'on devienne tes parents. A ton rythme. Je fermerai les yeux pour te respirer longuement, inspirer toute ton odeur pour se souvenir à jamais de cet instant unique. Respirer tes cheveux, ton cou... Essayer d'imprimer ces senteurs comme autant d'émotions que, quelques mois plus tard, j'aurai oubliées à coup sûr. Nous nous regarderons avec ton père et ravalerons nos larmes tant de fois cachées de toute façon. Puis je trouverai un coin pour m'asseoir, les jambes en coton. Et là, ton père te prendra dans ses bras. Instant unique, instant magique. Vous serez beaux tous les deux et je trouverai qu'il y a un air de ressemblance. C'est toujours comme ça que ça se passe dans une maternité : on cherche les ressemblances là où il n'y en a finalement pas, du moins pour les autres. Comme si tous les parents voulaient se retrouver en miroir... Etrange comportement qui m'aura toujours agacée mais nous n'échapperons pas à la règle. Peut-être pas après tout. Car ce qu'on admirera se trouvera au-delà d'une ressemblance physique. La forme de ton visage sera si douce, tes yeux si bien dessinés, tes lèvres seront si jolies, tes joues arrondies. Tu auras de grands pieds, à notre grande surprise. Non, de petits pieds. Bon, partons sur les grands pieds. Des orteils arrondis à croquer... Et là, nous rigolerons... Rigoler de ce bonheur incroyable qui nous submerge, rire de ce chamboulement incroyable, rire parce que nous serons dans une scène surréaliste. Instant magique! Tu auras peur de nos rires, nous nous excuserons et t'embrasserons tous les deux en même temps, tout doucement, la main sur tes cheveux, pour ne pas te brusquer et te rassurer. Puis tu comprendras. Peut-être. Ou pas. En tout cas, tu auras l'air intrigué. Alors je saisirai le petit sac rempli de quelques trésors à ton intention : ton doudou choisi sur un coup de coeur de notre part, un jouet qui fait du bruit... quoi d'autre encore? Je prendrai le doudou Paco. Tu le prendras à pleine main. Tu l'adopteras sans plus tarder. Tu l'auras reconnu. C'était lui sur les photos envoyées quelques jours avant notre venue! Paco le lapin. Puis tu mettras ton pouce à la bouche. Et nous te dirons : "Non, ne fais pas ça"... pour se raviser : "Bon, d'accord, mais à partir de demain, c'est fini, hein, mon coeur?". Ou pas. Quoi qu'il en soit, nous nous ferons déjà avoir par ta bouille. C'est sûr. 
Puis, quelques heures plus tard, tu diras au revoir à ces femmes qui auront pris soin de toi, à tes copains qui ne partiront pas tout de suite. Ou pas du tout. Nous franchirons la grille bleue, ou noire. A moins qu'elle ne soit jaune ou rouge... Disons qu'elle est... rouge. Dans mes rêves, la grille n'a pas de couleur... Nous franchirons cette grille comme une ligne de départ, le coeur en vrac, toutes sortes de sentiments se mélangeant. Peut-être. Ou peut-être pas.

Nous prendrons le temps de faire connaissance. Nous t'apprendrons des milliers de choses. Et en sortant de l'orphelinat, au bord d'un lac ou en attendant un taxi, ou peut-être de la fenêtre de l'hôtel, nous soufflerons des bulles de savon. Comme autant d'espoirs pour tes copains restés là-bas. Ou peut-être ferons-nous autre chose. Peut-être que nous jouerons. Peut-être pas. Ou la fatigue te gagnera. Disons que l'on jouera tous les trois. Nous t'apprendrons comme c'est beau, la vie, les océans, les mers, les montagnes, la neige, les milliards d'odeurs et les trésors qui se trouvent sur notre route... 

Et toi, toi mon enfant, tu nous apprendras bien plus encore.

mardi 1 janvier 2013

Bonne année!

Bonne et douce année 2013 à tous les rescapés de la fin du monde et de la grippe ! 
Bonne et heureuse année à tous les parents en devenir et à tous les parents comblés. 
Que l'année 2013 soit celle de l'accomplissement de tous vos projets.