mardi 18 mars 2014

Jeux d'enfants

La petite fille lui a pris la main en lui expliquant : "Viens, je vais te montrer où tu peux jouer". C'est main dans la main que nous les avons vus s'éloigner, elle aussi blonde que ses cheveux à lui sont noirs. Ils ont grimpé pour glisser sur le toboggan des plus petits. Puis ils sont passés, passés encore et encore devant le banc où nous nous étions installés et, à chaque fois, dans ses yeux, on a lu sa fierté d'être avec une grande fille, sa joie de jouer avec quelqu'un de bienveillant qui ne le regarde pas comme s'il était un singe dans un zoo. Nous nous souviendrons longtemps de ses yeux pétillants de bonheur. 
- Tu es heureux, loulou?
Hochement de tête et sourire jusqu'aux oreilles. Ces signes ne trompent pas.

Moi aussi, je veux revivre mes deux ans! 

PS : Note pour plus tard : il préfère les blondes. 

vendredi 14 mars 2014

Mauvaise mère ou les apprentissages de la vie

Merci à Nathalie pour son titre, que j'emprunte... 

Mauvaise mère! Eh oui, j'en suis aussi une. Pour plein de raisons. Mais aussi pour plein de raisons, je suis une Bonne Maman. 
Mais j'avoue que parfois, je ne sais pas dans quel camp je me retrouve... 
Hier, au square, un petit garçon pousse le mien, un peu trop fort à mon goût. Mon fils se laisse faire, les bras ballants, le regardant faire et n'émettant aucune réaction. La mère lionne que je suis a bondi : "Mais réagis, loulou, REAGIS! Te laisse pas faire! Vas-y, défends-toi!" Bon, ça n'a rien changé mais un jour, ça rentrera. Ben oui, la vie, c'est une jungle et à être trop gentil, il faut veiller à ne pas être pris pour un con, gland, couillon.
Alors : mauvaise mère ou Bonne Maman?! 

jeudi 13 mars 2014

Au revoir les amis!

Ils partent! Quel bonheur d'écrire ces deux mots. Dimanche, j'ai eu les yeux embués en leur disant "au revoir". Cela renvoie à tant de souvenirs pas si lointains... L'adoption est une aventure sans pareil, vraiment unique. Un texto reçu de l'aéroport et c'est tout qui remonte à la surface : notre voyage, ou plutôt périple vers le Vietnam, la grève, le TGV, l'accident, la course contre la montre pour arriver à temps pour le vol pour Séoul... Quelle aventure ce voyage de toute une vie! 
Nous leur souhaitons un voyage moins rocambolesque que le nôtre, une très belle rencontre et de beaux premiers pas à quatre. 

Au revoir les amis! A bientôt!


vendredi 7 mars 2014

"Non"

Il n'y a pas que le petit qui dit "non", la mère s'y met aussi, ENFIN!
Avant, je laissais les gens toucher mon fils, ne réagissant que trop tard. Je les laissais s'accaparer mon fils en quelque sorte. Eh bien, maintenant, c'est fini. Les gros lourds qui veulent toucher, câliner, couvrir de bisous mon fils vont pouvoir aller se faire cuire un oeuf. Ils me gonflent. Je vais toucher leurs enfants ou petits-enfants, moi? Non! 
Certes, notre fils est beau, c'est vrai (je ne vais pas dire le contraire : nous sommes chaque jour émerveillés par lui). Tout le monde le dit, il ne laisse personne indifférent, beaucoup de gens se retournent sur son passage. MAIS il n'est pas un enfant public.

Mercredi, un SDF s'est ravisé. Aujourd'hui, une mamie a été vexée de mon "non, il ne reçoit pas de bisous et ne fait pas de bisous aux inconnus. Cela lui est défendu".  

Je me sens bien mieux désormais... et mon fils est aussi de plus en plus souriant. Hasard ou coïncidence? 

samedi 1 mars 2014

Séduire, à tout prix

C'était à la pharmacie, une dame était tout de rouge vêtue... Le petit garçon qu'il est a immédiatement pensé au Père Noël. Elle lui a tapé dans l'oeil en quelque sorte. Il lui a souri, lui a tendu la main. Elle lui a répondu : "Que tu es mignon, tu es bien beau!". Il n'en fallait pas plus. Il lui a pris la main, est passé à côté de moi, m'a fait signe "au revoir" avec sa petite main potelée, et est parti. J'ai juste eu le temps de dire : "Mais tu rigoles ou quoi?!" avant qu'il ne passe la porte coulissante automatisée avec la dame aux cheveux grisonnants qui, ma foi, devait se sentir moins seule.

C'était au coin de la maison. Il titubait, son corps sentant l'alcool à des kilomètres, et a dit, d'une voix venue d'ailleurs : "Oh, un petit garçon! Qu'il est joliiiiiii..." Il n'en fallait pas plus. Bloqué dans sa poussette, mon fils m'a regardée puis fait comprendre, à force de chouiner et de taper des pieds, qu'il voulait aller par terre, suivre ce gentil monsieur pas net... C'est alors que je lui ai dit : "Non, on ne va pas avec des inconnus, c'est dangereux. Tu restes avec moi car je suis ta maman. Et on se promène ensemble."

C'était au parc, il faisait beau. Nous avons marché longtemps ce jour-là, côte à côte, poussant la poussette où Paco dit "Coco" dormait. D'autres gens avaient eu la même idée. Forcément, quand le soleil pointe le bout de son nez, tout le monde sort, se retrouvant entre amis, se baladant en couple. Ils lui ont dit : "Ooooh, tu marches bien. Tu aides ta maman?! Tu promènes ton joli doudou?... Oooh, oui, tu viens nous voir, tu n'es pas sauvage..." Il savait qu'il avait gagné. Ils nous ont dit "au revoir", continuant leur chemin. Il est revenu vers moi mais cela n'avait pas suffi. Il leur a couru après, cherchant leur contact, à nouveau un sourire. Ils se sont retournés, heureux de ce petit garçon qui venait les voir, cherchait leur contact, voulait aller dans leurs bras. Je lui ai dit: "Non, tu restes avec moi. Je suis ta maman et tu sais bien qu'on ne suit pas des inconnus, c'est dangereux."

C'était au square, un lundi après-midi, sous le soleil d'hiver. Il faisait doux. On se serait cru au printemps. Des enfants, il en venait de partout, ça courait dans les tous les sens. L'heure était joyeuse, entre les jeux et le goûter. Puis il y avait Antoine, deux ans dans un mois, gardé par deux mamies très poules, visiblement pas au courant de ce que peut faire un petit garçon de presque deux ans. Il lui a souri, attirant son regard vers lui. Il lui a montré comme il savait bien descendre le toboggan, comme un champion. Il pouvait être fier de lui. Sa maman aussi était fière de lui : je l'ai applaudi, je lui ai montré ma fierté, l'ai félicité en lui répétant qu'il était vraiment trop fort, et en le pensant. Mais ce n'est pas moi qu'il voulait séduire, pas moi, non. Ce qu'il voulait, c'était cette dame, là... l'une des mamies d'Antoine. C'est alors qu'il s'est dirigé vers elle en courant puis a serré ses jambes fort dans ses bras. J'ai juste eu le temps de dire : "Non, tu ne fais pas de câlins aux inconnus, c'est interdit, c'est dangereux." Il ne m'a pas écoutée. Il a fait son petit dur puis a continué son petit bonhomme de chemin, entre escalade et glissades. 

C'était à la bibliothèque, section jeunesse. Malgré les consignes, il a couru partout, a touché à tous les livres, ne s'intéressant à aucun d'entre eux finalement. Il s'est mis debout sur les petits fauteuils, s'est pris les pieds dans un tapis... est allée voir A., qui s'occupe de l'animation de cette section. A. est très professionnelle. Elle ne prend pas les enfants sur ses genoux. La distance s'impose d'elle-même. Mais voilà... pas intéressant, malgré le fait qu'elle lui lise une histoire. Il fallait séduire. C'est alors qu'une maman est arrivée, croisée quelque part un jour, mais où? Ses deux petites filles ont regardé les livres, la maman leur en a lues, elles ont fait leur choix ensemble. Il fallait séduire à tout prix. Il est allé la voir. Il lui a souri. Mais cela n'a pas pris, pas plus que ça... Elle voulait qu'il aille voir sa maman, mais cela ne faisait pas partie de ses projets. Il a tourné en rond, malgré mes appels pour l'attirer à lui. Il a pris un livre, lui a collé dans les mains. Il s'est blotti dans ses bras, a formé un collier autour de son cou. J'ai entendu : "Oh, tu me fais un câlin, tu es trop gentil. C'est adorable!" J'ai à peine eu le temps de me retourner et de dire : "Non, tu ne fais pas de câlins aux inconnus. Viens me voir, s'il te plaît, mon coeur." La maman m'a lancé un regard noir, je suis passée pour une sans coeur probablement. Elle qui trouvait ça "trop mignon", "adorable", ce petit garçon de deux ans qui vient lui faire un câlin. J'ai répété: "Non. Viens ici s'il te plaît." Quand il est venu vers moi, je l'ai pris à part, yeux dans les yeux, je lui ai expliqué que cela ne se faisait pas. J'ai juste eu le temps de dire cela, il s'est dérobé et est parti en courant... 
Cela n'a pas eu d'effet et n'en aura pas la prochaine fois... Un autre jour d'un autre mois peut-être. Il faut du temps, je t'en laisserai, mon fils.