mardi 1 juillet 2014

Mon tournesol*

Mon tournesol se tourne vers le soleil. Chaque jour, je découvre qu'il sourit encore plus que la veille à la vie. Mais jusqu'où ira ce sourire? Jusqu'à la lune sans aucun doute, jusqu'aux étoiles qu'il aime tant regarder dans un de ses livres favoris, ou jusqu'au soleil parce qu'il est notre lumière du jour. 
Mon tournesol est grand. Il a grandi tout d'un coup. Il reste toujours plus petit que les autres mais il a la grandeur d'âme que d'autres n'ont pas ou que je ne sais pas voir chez les autres car je ne suis pas leur mère. 
Mon tournesol est flamboyant. Un joli jaune. Un jaune éclatant. Le jaune qui fait que vous clignez des yeux tant vous êtes ébloui. 
Mon tournesol est beau. Tous les jours, nous lui répétons. Tous les jours, c'est le même émerveillement au réveil, quand il dit : "Coucou papa, coucou maman" et qu'on le voit, les yeux tout embués, la moue un peu renfrognée par le jour qui éclaire sa chambre, étalé telle une crêpe dans son lit fabriqué par un papa fou d'amour. Tous les jours, c'est la même rengaine dont on ne se lasse pas : "Waouhhh" du côté des parents et "Babe'on" du côté du bébé.
Mon tournesol a besoin d'amour, de câlins, de mots réconfortants et d'un cadre solide. Ce tournesol-là est un peu fragile, est pris de panique quand il ne nous voit plus au milieu d'autres gens. Aussi, je suis la seule maman qui lui dit tous les matins, à la crèche: "Je t'aime pour toujours, mon coeur, tu le sais, hein?" et il est le seul à me sourire en haussant les épaules et en inclinant la tête et à dire : "au revoir, ma maman." Il est le seul à me faire tourner en bourrique et à s'y appliquer avec brio. Et je ne connais pas de tournesol plus têtu. 
Mon tournesol a deux prénoms. Un qu'il a porté quotidiennement jusqu'à ce que nous devenions effectivement ses parents, ancré à son histoire, pour la vie. Et un autre que lui avons donné, choisi avec amour et écrit avec un bâton sur tous les sentiers de randonnées empruntés en Auvergne durant cet été 2012. Il y a encore deux mois de cela, vous lui demandiez comment il s'appelait, mon tournesol répondait par le premier prénom. Et il le prononçait mieux que vous et moi. Maintenant que le tournesol s'est tourné vers son papa et sa maman, qu'il a bien testé la solidité de cette terre d'accueil, il affirme s'appeler "Mani", faisant du mieux qu'il peut pour manier les syllabes de ce prénom d'ici. Le premier semble oublié. Mon tournesol est devenu mer et a probablement trouvé son port d'ancrage pour le séjour de la vie.

*Merci à Elise qui m'a fait découvrir la métaphore des fleurs.

7 commentaires:

  1. C'est juste magnifique. Et comme il en faut peu en ce moment et bien je suis en larmes. C'est vraiment beau.
    Je vous embrasse,
    Mathilde

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  2. Vous avez fait du bon travail et avez peiné pour que votre tournesol en arrive là.
    Avec le soleil qu'il vous donne tous les jours, puisez l'énergie pour ne jamais baisser les bras : : vous allez y arriver avec le temps.

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  3. Je ne connaissais pas la métaphore des fleurs même si j'ai une Iris dans mon coeur. C'est très joli ce texte et émouvant. Ton tournesol est aussi un peu magique.

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  4. Une magnifique declaration d'amour ( la maman de bao!)

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  5. Coucou Elise
    J'aime comme tu parles de ton enfant, avec beaucoup d'amour et beaucoup de respect... Je suis touchée par la phrase que tu lui dis chaque matin en le laissant à la crèche...

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  6. un joli témoignage d'amour d'une maman à son enfant-tournesol. Bravo

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  7. Magnifique texte!♥ Bisou à vous trois!

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